Le dispositif CHAMS (Classes à Horaires Aménagés en Mathématiques et Sciences) est une initiative du ministère de l’Éducation nationale visant à ouvrir des espaces de curiosité scientifique, de projet collaboratif, d’ouverture au monde de la recherche et de l’ingéniere dans les collèges.
Il s’agit d’une expérimentation, lancée dès la rentrée 2025 dans certains établissements de neuf académies : Amiens, Bordeaux, Créteil, Lyon, Martinique, Nancy-Metz, Normandie, Poitiers et Rennes. L’académie de Grenoble expérimente une préfiguration à grande échelle dans 29 collèges.
Les élèves ont le même troncs que les autres élèves mais avec 3h de plus par semaine pour attiser la curiosité scientifique des élèves. Ces heures supplémentaires sont organisées sous forme d’ateliers, de projets collectifs, d’interventions extérieures (chercheurs, ingénieur·e·s, universités, entreprises). Les enseignant·e·s du collège coopèrent avec des intervenants externes (universitaires, laboratoires, professionnels) pour enrichir les contenus.
Ouvrir l’horizon des élèves vers les métiers scientifiques, sensibiliser aux parcours d’ingénieur·e et de nourrir leur curiosité osité scientifique. Enfin, pour équilibrer la représentation, une règle informelle de répartition 50 % filles / 50 % garçons est prévue.
L’idée n’est pas de faire plus d’heures pour “travailler plus”, mais de réinventer une approche scientifique, de faire vivre des projets concrets, de changer la perception : « je fais des sciences pour appliquer, pour créer, pour découvrir » plutôt que « je fais des maths parce qu’il faut ».
Un dispositif comme CHAMS a un rôle ambitieux : réduire les inégalités d’accès aux sciences et à l’ingénierie, c’est pourquoi il est particulièrement intéressant pour les filles et les élèves de zones REP / ZEP.
Offrir une exposition réelle aux métiers scientifiques : grâce aux intervenants extérieurs et aux projets industriels ou de recherche, on voit “ce que fait un ingénieur”, “ce que font des chercheur·e·s” — ce qui rend le métier tangible et moins abstrait.
Renforcer la confiance : en donnant des ateliers, des expériences, des réussites concrètes, les élèves peuvent se sentir “capables” de faire des sciences, au-delà du cours classique.
Réduire l’isolement : dans certains collèges REP, les ressources (matériel, partenariats, initiatives) sont moins abondantes. CHAMS permet d’ouvrir des portes vers les laboratoires, les universités, les entreprises, les réseaux — ce qui peut être un levier pour les élèves qui manquent d’exposition.
Donner un “tremplin” précoce : en accédant à ce dispositif dès la 4ᵉ/3ᵉ, on peut arriver au lycée avec une motivation renforcée pour les spécialités scientifiques, les options technos, les classes préparatoires ou les filières ingénierie.
Autrement dit, CHAMS ne remplace pas tout le reste, mais il peut être un catalyseur — pour éveiller, confirmer l’intérêt, donner les outils, encourager à poursuivre.
Ce n’est pas un cours “supplémentaire” classique, mais une démarche structurée autour de projets, d’expérimentation et de rencontres. Voici quelques éléments concrets :
1. Ateliers & approfondissements
Chaque semaine, les élèves participent à des ateliers en mathématiques, sciences ou technologie. Ces ateliers permettent d’aller au-delà du programme du collège, explorer des notions plus poussées, poser des questions ouvertes, de lier les notions à des applications concrètes (ex : modéliser, simuler, expérimenter) ou encore d’alterner entre moments de réflexion, travaux pratiques, mini-expériences.
2. Projet collectif annuel
L’un des grands leviers de CHAMS est le projet collectif, mené sur l’année, en groupes. Cela peut être la construction d’un prototype (robot, capteur, dispositif simple), une expérience scientifique (mesures, observations, simulation), une collaboration avec un laboratoire, une entreprise, une université sur un sujet concret.
Ce projet permet aux élèves de toucher à la démarche d’ingénierie : conception, essais, itérations, choix techniques, communication.
3. Interventions extérieures et visites
Des professionnels, des chercheur·e·s, des étudiant·e·s du supérieur sont conviés à venir échanger, présenter leur métier, faire des démonstrations, participer aux ateliers. Les élèves peuvent visiter des laboratoires, des sites industriels, des universités — ce qui rompt l’isolement et ouvre des perspectives.
4. Intégration dans le cursus scolaire classique
Importamment, CHAMS ne surcharge pas l’élève : on conserve l’emploi du temps classique, et les heures additionnelles sont pensées comme des compléments intégrés, cohérents avec les programmes. L’enseignant du collège adapte ses cours en lien avec le projet de la classe et les interventions extérieures.
5. Développement des compétences transversales
Au-delà des contenus scientifiques, CHAMS met l’accent sur le travail en équipe, la gestion de projet, la communication scientifique, la curiosité, la créativité — des compétences fondamentales pour tout ingénieur ou ingénieure.
6. Suivi, évaluation et perspectives
Les élèves peuvent être évalués dans certaines composantes scientifiques renforcées, mais une grande part de l’évaluation se fait via le projet, les présentations et les rendus. L’objectif est de valoriser la démarche plus que la “bonne réponse”. Avec le temps, on espère que les élèves qui passent par CHAMS soient mieux armé·e·s pour choisir des spécialités scientifiques au lycée.
En participant tôt à une “mini-vie d’ingénieur·e”, les élèves peuvent choisir plus consciemment leurs spécialités scientifiques.
Les partenariats avec universités, entreprises, laboratoires renforcent le lien entre le collège et le monde scientifique local.
Le cadre d’un projet collectif avec des défis concrets pousse les élèves à s’investir, à sortir de la passivité, à expérimenter, à apprendre par l’erreur.
Comment soutenir le programme CHAMS
Si vous êtes parent, enseignant·e, élève, acteur-trice local·e : encouragez l’adhésion, demandez l’implantation dans votre académie ou collège.
Si vous êtes lycéen·ne ou étudiant·e ingénieur·e : vous pouvez vous porter volontaire pour intervenir, pour parrainer une classe, pour accompagner un projet.
Si vous êtes dans une zone REP ou dans un collège ne disposant pas encore de CHAMS : discutez avec votre direction, créez une pétition, sensibilisez vos élu·e·s ou associations.
Si vous croyez en l’égalité réelle en science et technologie : CHAMS est un pas concret, pragmatique, sur lequel agir, voire faire entendre votre voix dans les instances éducatives.
En conclusion
Le programme CHAMS a une ambition forte : redonner aux sciences une place de découverte, d’initiative, de projet, dès le collège. Il ne remplace pas tout le reste, mais introduit des espaces de curiosité, d’expérimentation et de lien avec le monde de l’ingénierie. Pour les filles, pour les élèves des REP, pour tous ceux et celles qui doutent, CHAMS peut être un levier — une porte d’entrée vers des possibles vers lesquels ils ou elles ne se seraient pas tourné·e·s spontanément.
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